> Mes interventions au Conseil Communal
Pas volontiers chercheur d'emploi mais chercheur d'emploi volontiers volontaire?
Le chômage en Région de Bruxelles-Capitale touche aujourd’hui une personne sur cinq, un taux bien supérieur au taux de chômage observé dans les autres capitales européennes. Avec les premiers effets réels de la crise, le chômage risque d’augmenter encore plus. L'on observe aussi de grandes différences entre les communes bruxelloises, avec des taux autour de 30 pourcents à Saint-Josse et à Molenbeek. Plus inquiétant encore, le taux de chômage des jeunes atteint près de 40 pourcents dans certaines communes. C'est évidement par une meilleure formation que la situation peut se résorber : deux-tiers des chercheurs d’emploi bruxellois sont peu qualifiés et plus de 85 pourcents des moins de trente ans n’ont pas de diplôme d’études supérieures, alors que la moitié des emplois à Bruxelles sont occupés par des travailleurs disposant d’un tel diplôme.
Au-delà des divers plans de relance et de formation que le prochain gouvernement régional devra obligatoirement mettre en œuvre, le volontariat est une façon intelligente d'investir son temps lorsqu'on est à la recherche d’un emploi. Et peut jouer un rôle certain dans l’obtention de ce dernier.
Bien sûr, il faut que le bénévolat reste du véritable bénévolat et qu’il ne cache pas un travail au noir. Ensuite, il importe que le bénévolat ne concurrence pas une profession rémunérée.
Mais il existe au moins quatre avantages à la promotion du volontariat: D'une part le bénévole rend évidement service aux nombreuses associations qui recherchent ce type d’aide précieuse. Deuxièmement, c'est l'occasion pour certains métiers d'approfondir leur expérience par la mise en pratique d’acquis théoriques, que ce soit le secrétariat, la comptabilité, l'administration, la peinture, la maçonnerie, l'art théâtral, les soins de santé etc. En outre, toutes les aides sont les bienvenues en volontariat. Car des associations caritatives ont aussi besoin de plongeurs, d’aide au rangement etc. Troisièmement, il s'agit de conserver un esprit affuté dans un corpore sano. Le chômage peut parfois conduire à la dépression et une activité bénévole peut contribuer à l’éviter. Cela permet aussi au chercheur d'emploi de rester dans le coup. Et quatrièmement les employeurs potentiels apprécient en général ce type d’initiative (il faut la revendiquer sur son curriculum vitae !). Parfois cela conduit, grâce aux rencontres effectuées lors du bénévolat ou en rendant la mission bénévole indispensable, à remettre le chercheur d'emploi dans le circuit du travail.
Sans promouvoir plus avant cette possibilité, le site de l'ONEM rappelle quelques principes sur le volontariat. En voici les éléments-clés : le chercheur d'emploi peut exercer une activité bénévole pour un particulier (service d'amis) ou une organisation (une ASBL, un service public, un centre culturel, une maison de jeunes, une fabrique d’église...). Lorsqu’il exerce, pour un particulier ou une organisation, une activité bénévole, le chercheur d'emploi doit en faire la déclaration auprès de son organisme de paiement au moyen du formulaire C45.
Un travail bénévole est un travail qui s’effectue sans contrepartie. Toutefois, le législateur a heureusement prévu que le chercheur d'emploi puisse cumuler avec ses allocations de chômage des indemnités accordées dans le cadre des activités qu’il effectue comme bénévole pour autant que ces indemnités soient allouées en remboursement de ses frais. Il peut s’agir soit d’une indemnité en remboursement de frais réels, soit d’une indemnité forfaitaire pour autant que celle-ci soit considérée par l’Administration fiscale comme un avantage non imposable. Pour cela, l’indemnité ne peut dépasser 30.22 euros par jour avec un maximum de 1208.72 euros par an. Dès lors, il y a peu de frein financier à l’exercice d’une activité bénévole.
La recherche de l’emploi et la formation constituent l’essentiel d’une journée de chômage, mais l’apport de son temps comme volontaire est une façon d’investir ce qu’il reste de la journée. Il y a au moins quatre bonnes raisons de le faire, dont trois à l’avantage immédiat du chercheur d'emploi et pouvant jouer un rôle certain dans l’obtention d’un emploi. La prochaine majorité régionale devrait donc proposer une promotion efficace et construite de cette généreuse contribution du chercheur d'emploi à notre vie en société.
Yvan de Beauffort, Conseiller Communal à Schaerbeek
Sources : Eurostat, Onem, Statbel, Actiris, Institut Bruxellois de Statistique et d'Analyse